Castor & Castor

« Castor & Castor » est une comédie sur la quête du sens. Il eut d’ailleurs difficilement pu en être autrement. Acteurs et commanditaires, Gaëtan Fragnière et Pierre Nicolas furent la source d’inspiration – mieux : le matériau de Sébastien Grosset, l’auteur de la pièce. Deux jeunes hommes du XXème siècle, très drôles l’un et l’autre, mais aussi curieux, parfois même inquiets : avec un tel matériau, que bâtir d’autre qu’une comédie sur la quête du sens ?

Castor et Castor poursuivent une suite d’expériences dans le but de prouver l’existence d’une réalité, dont la nature exacte échappera toujours aux spectateurs. « Castor & Castor », c’est aussi une idée d’être deux, de chercher à deux.

La devise de Guillaume d’Orange était : « il n’est pas nécessaire d’espérer pour  entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette phrase fait du bien : elle donne de la force, parce qu’elle transcende le clivage optimisme-pessimisme qui entache toujours le rapport de l’action et de l’échec. Ce que cherchent Castor et Castor, nous ne le saurons jamais ; la seule chose que nous sachions, c’est qu’ils ne le trouveront pas. Échec ? Peut-être, mais tandis qu’ils cherchent, ils vivent. Ils grandissent, ils croissent en se nourrissant de leur quête et le spectacle croît avec eux : il commence dans l’obscurité totale et s’achève en comédie musicale.

Dans L’herbe rouge, Boris Vian brosse le portrait d’un chien miraculeusement doté de la parole ainsi que d’une intelligence exceptionnelle. Ce chien (le Sénateur Dupont) capable de disserter de tout avec ses maîtres est mû par un désir aussi prégnant qu’incongru : il veut à tout prix acquérir un wapiti. Un jour, quelqu’un répond à sa demande : on offre un wapiti au sénateur Dupont. Ce dernier, alors, aboie, remue la queue et perd l’usage de la parole. Sa quête a pris fin et, avec elle, son humanité.